Chouette c’est la rentrée… mais c’était bien les vacances quand même !

Pour cette rentrée, je vais vous raconter une histoire d’actes manqués.
Après trois semaines de vacances, notre analyste transactionnel reprenait le chemin de son cabinet. Il y allait un peu à reculons : il avait bien envie de retrouver ses patients et sa bibliothèque, mais il avait aussi envie de retourner en Bretagne randonner sur les chemins côtiers.
Il entre dans le hall de l’immeuble, prend son courrier, y jette un œil et se tord la cheville dans l’escalier.
En franchissant le seuil de son cabinet, n’oubliant pas la place de l’inconscient, il se dit à lui-même : " Voilà ce que c’est d’aller travailler à reculons… "
Il ouvre le courrier et les volets, un peu agacé de s’être fait mal et envisage ce trébuchement comme l’expression d’un acte manqué de tout ce qu’il ya de plus banal : c’est sans doute un compromis entre son désir de repartir en vacances et la nécessité de reprendre son travail.
Avant de recevoir son premier patient, notre analyste se rappelle que Freud dans son livre "psychopathologie de la vie quotidienne" donne un exemple de cheville foulée. Comme il ne se rappelle pas de l’histoire, il cherche l’ouvrage dans sa bibliothèque et s’y plonge avec enthousiasme. Freud y montre que les bévues, les lapsus, les oublis et les actes manqués tout comme les symptômes suivent tous les mêmes lois. On se blesse bien souvent pour avoir une bonne raison de ne pas exécuter une action pour laquelle on était ambivalent. Arrivant au chapitre où Freud parle d’entorse de cheville : " il arrive bien souvent aux hommes de se faire une entorse de cheville, sur un sol plat, quand ils se retournent sur une passante. " Freud classe l’acte de se tordre la cheville dans les actes d’auto-endommagement et met ces derniers sur le compte d’une autopunition, après une pensée ou un acte culpabilisants…
Notre analyste transactionnel referme le livre, se masse la cheville et laisse son esprit vagabonder et partir dans une sorte de rêverie éveillée. Entre son geste de masser sa cheville et les textes de Freud, il lui vient à l’esprit que Œdipe, "Oidipus" en Grec, signifie "pieds enflés". Et plus tard c’est son nom qui lui a permis de trouver l’énigme que le sphinx pose à ceux qui veulent rentrer dans Thèbes : " quel est l’être qui marche à quatre pattes le matin, à deux jambes à midi, et à trois le soir ? " La réponse est l’homme, c'est-à-dire Œdipe. En Grec, il existe un jeu de mots (plus exactement une assonance entre les termes de l’énigme et la solution) : "Quadripus,dipus, tripus…oidipus ! " ( le bébé marche à 4 pattes, l’adulte marche sur ses deux pieds, le vieillard marche avec une canne).
Notre analyste en est là de ses associations provoquées par son acte manqué, quand en s’asseyant dans son fauteuil pour commencer sa première séance, il se rend compte qu’il a oublié son agenda chez lui…
Belle rentrée à tous !
Eric Rolland
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